Le retour de la lune noire.

« Et c’est pour cela que j’écris ces lignes. Je ne peux prouver ce que j’affirme, mais le futur n’est jamais figé. Chacun possède son destin, mais celui-ci se plie face à nos choix. Mes choix m’ont conduit à devenir un inconnu, une ombre, et j’espère que ces mots pourront éviter à ceux qui en ont besoin de suivre mon chemin.

Je m’appelle Metacyborg, disciple de la destinée renié par le dieu Xelor. Je suis l’ombre de la Lune Noire. »

Le jeune sacrieur referma le livre qu’il avait trouvé une semaine auparavant, le jour de son anniversaire, et leva les yeux vers le ciel ensoleillé de cet après-midi d’été. L’auteur du livre portait le même nom que lui… Ce n’était pourtant pas courant.

Du haut de ses 18 ans, le jeune homme arborait une chevelure de couleur rouge sang, mais c’est sa peau qui était des plus étranges. C’est vrai qu’elle avait un teint d’une couleur de roche, entre le bleu et le gris, mais ça à la limite… On en voyait déjà des vertes et des pas mûres en tout Amakna. Non ce qui était étrange, c’était qu’il ne portait aucune cicatrice, pourtant il ne fuyait pas le danger, il était même inscrit dans une académie de combat pour devenir mercenaire. Mais il faut bien avouer qu’il était loin d’être doué, du moins c’est ce qu’affirmait son professeur.

C’était lui aussi un sacrieur. Un vétéran de guerre à la musculature imposante. Le nombre de ses cicatrices ne se comptaient plus, et une seule chose était plus nombreuses que celles-ci : les reproches qu’il distribuait à Meta.

- J’en étais sûr ! Encore en train de pioncer sous un arbre ! Allez lève toi feignasse je te signale que le cours à repris depuis dix bonnes minutes et que tout le monde t’attends !
- Hein quoi ? Ah oui, je me dépêche monsieur Grancourteau.
- C’est Grancouteau espèce de larve apathique !

Et le cours repris sa monotonie. Meta ne comprenais pas ce qu’il faisait encore sur ces bancs de classe à étudier des techniques de combat qu’il ne maîtriserait jamais et dont il n’avait pas besoin. Tout le monde pensait que les sacrieurs ne pouvaient compter que sur la force brute pour tout écraser sur leur passage, et Grancouteau le premier. Mais Meta savait qu’être un sacrieur c’était avant tout protéger les autres. Enfin ça l’arrangeait de croire ça, surtout qu’il n’avait pas un poil de muscle et qu’il était plus habile à éviter les coups ou courir comme un tofu.

- Alors le tofu ! Encore entrain de dormir en cours ?!
- Euh… Non monsieur !
- Alors dépêche toi de venir ici quand on t’appelle ! Tu vas m’aider pour cette leçon !
- Bien monsieur Grancour… Grancouteau.
- Nous allons donc vous montrer l’un des intérêts stratégique de la flammiche. Elle est très rapide et son utilisation très simple mais sa puissance de feu est très faible ce qui est très utile pour alimenter la puissance d’un sacrieur pendant son châtiment. Meta, fais ton châtiment forcé !

Le châtiment forcé… Grancouteau ne jurais que par ça… Meta se mordit le doigt pour tracer la rune de la terre avec son sang… Mais il se souvint alors d’un symbole dans son livre qui parlait d’un sacrieur ne comptant pas sur la force et décida de dessiner ce dernier. De toute façon l’autre n’avait jamais eu aucun effet en deux ans de cours.

Après quelques réprimandes sur la forme de sa rune, Grancouteau lui lança sept flammiches d’affilée sans aucune retenue. Cela avait beau être un sort faible, venant de ce vétéran, Meta eu l’impression de recevoir des boulets de canon en plein ventre. Mais à chaque impact, il sentait quelque chose monter en lui… Alors que la 8ème flammiche se dirigeait sur lui, il se baissa avec une extrème rapidité et l’évita.

- Mais qu’est-ce que tu fais chiffe molle ? Ça ne fait pas partie de l’exercice !
- J’en ai ras-le-cul d’être votre poutch ingball !
- Ah oui ? Et bien tu vas venir m’expliquer ça de plus prêt.
- Nan… Ah vous l’honneur, je vous attends.

Grancouteau s’élança sur le jeune sacrieur qui l’évita en sautant par-dessus lui comme si il jouait à saute bouftou et lui envoya un assaut dans le dos. Le vétéran tenta ensuite à plusieurs reprises de le frapper avec des coups de pieds d’une vitesse fulgurante, mais aucun n’atteignirent leur cible qui évitait tout aussi vite, fit un saut en arrière et relança son attaque qui toucha de plein fouet.

- Ok maintenant finit de jouer petit… Attirance !
Un filet de sang parti du bras de Grancouteau pour attraper Meta et le propulsa dans la direction de son professeur.
- Et maintenant prends ça ! Punition !
Le jeune sacrieur reparti comme il était venu, et il s’écrasa avec violence dans le fond de la classe.
- Très bien… Tout le monde dehors les jeunes, on prend une pause.
Soudain une voix rauque s’éleva :
- Ça tu vas me le payer…
- Encore éveillé toi ? Finalement t’es plus solide que ce que tu laisses croire.
- C’est moi qui vais te faire dormir !

Meta se jeta sur son professeur, une décharge d’énergie noire rayonnant dans sa main gauche, il lui sauta sur les épaules et lâcha sa décharge à bout portant directement sur son visage. L’imposant guerrier s’écroula, inanimé, le visage stupéfait et électrisé. Meta se dirigea vers son bureau, rangea ses affaires et pris la direction de la sortie.

- Vraiment j’en ai ma claque de cette école à la noix… Allez je me barre et comptez pas sur moi pour demain. Bonne chance les amis !

Meta se rassit sous le chêne qui lui servait à chaque pause. Que pouvait-il faire maintenant qu’il avait quitté le cours ? Ses parents adoptifs étaient morts avant son entrée à l’académie et il avait vendu leur maison pour pouvoir régler son inscription et intégrer l’internat. Il n’avait pas un kama sur lui, peut-être quelques milliers dans un coffre de banque à Bonta mais le voyage était long, dangereux et il n’avait pas la moindre vivre. Il n’avait jamais bien suivit tout ce qui concernait l’économie en cours et n’avait donc aucune idée de comment gagner de l’argent, et sans un minimum d’équipement, ne serait-ce qu’une arme, personne ne le prendrait au sérieux pour la moindre mission.

-Ouais en gros je suis dans la merde. Soupira-t-il, mais une autre voix venant de l’autre côté du chêne lui fit écho.
- Hey qui est là ? demanda la voix.
Une tête d’un teint vif montée d’une tignasse blanche et ébouriffée dépassa du tronc.
-Oh ! Un lutin ! s’exclama Meta.
- Mais non ! Je suis un eniripsa…
- Ah bon… je suis déçu. T’es vachement petit quand même.
- Ouais ça va ! Je sais ! Qu’est ce que tu fous ici d’abord ? Les cours ne sont pas finis !
- Je les ai quitté, le prof me gonflait, il avait une dent contre moi parce que je fais pas comme les autre sacri. Et toi alors ? C’est mon coin de glandouille normalement ici.
- Moi… Je me suis fait viré…
- Bah pourquoi ?
- Comme je suis un eniripsa, on m’a collé en section de soin, mais j’suis pas doué pour ça. Depuis le début de l’année j’ai mis le feu à trois salles de cours, dix mannequins d’entrainement, deux labos et aujourd’hui j’ai failli faire cramer deux élèves de ma classe. Heureusement pour elles que le prof sait soigner lui…
- T’as fais fort un mois de cours quand même. Vous n’êtes pas du genre à jouer avec le feu pourtant en section de soin.
- Ouais mais j’ai un pouvoir que je contrôle pas super bien.

Il fit apparaître dans sa main une flamme de la taille d’un tofu.
- Ce… C’est une flammiche ça ?
- Je crois… Mais c’est pas sensé être aussi dangereux que ça. Et le problème c’est que ça part tout seul des fois.
- Mais tu le sors d’où ce pouvoir ?
- Aucune idée… je l’ai depuis ma naissance.
- Bizarre. Euh… tu comptes en faire quoi de ta flamme là maintenant ?
- De quoi ? Ah merde ! J’en sais rien…
- J’ai une petite idée moi. Tu vois là fenêtre là ? La deuxième à droite.
- Oui…
- C’est le bureau du prof dont je t’ai parlé donc…
- Je vois… Tu lui laisses un petit souvenir ?
- Euh nan ça je crois qu’il se souviendra de moi pendant longtemps c’est bon. C’est juste de la vengeance pure là.

Quelques heures plus tard, ils étaient tous deux assis sur la fontaine du village à raconter leurs différents exploits de cours, les anecdotes de leur vie les plus marquantes, mais lorsqu’ils vinrent à parler de leur futur…
- Et tu vas faire quoi toi maintenant que t’es viré ? demanda Meta.
- Je sais pas, un eniripsa qui soigne comme un bolet… Personne ne va vouloir de moi. Et toi t’as des projets ?
- Pas vraiment. Mais je sais que j’ai quelques réserves d’argent à Bonta. On pourrait p’tet s’en servir pour nous aider au départ.
- On ? Comment ça ?
- Bah toi et moi. J’voulais faire mercenaire en sortant de l’académie, mais c’est un travail qui peut très bien se faire à plusieurs. Et puis le coup des flammiches géantes, je suis sur que ça peut être super utile.
- C’est ok ! T’es le premier à accepter ma différence. Les autres ont toujours peur.
- J’ai aucun contrat à te faire signer par contre… Mais au fait depuis tout à l’heure on parle, et je sais toujours pas comment tu t’appelles. Moi c’est Meta.
- Moi c’est Matthew.

Quelque jour plus tard, nos compagnons se trouvèrent à la sortie de la grotte reliant le port d’Amdrestam à Astrub. Ils se dirigeaient vers la petite cité marchande afin de faire le plein de vivre avant d’entrer sur les plaines de Cania.
- N’empêche… Il a pas été super sympa ce matin avec nous le père Ingalsse, dit soudainement Meta
- Nan tu crois ? En même temps on ne lui a pris qu’une dizaine de cawottes, rétorqua Matthew.
- Bah la rumeur disait qu’il était plutôt du genre accueillant, je pensais que ça lui ferait rien qu’on dorme dans sa grange.
- On aurait p’tet du lui demander avant…
- Nan mais je crois que ce qui l’a vraiment enervé c’est quand je lui ai demandé si il pourrait nous offrir une part de sa fameuse brioche au blé d’or…
- C’est sur… Surtout que t’avais déjà plusieurs croissants dans les bras…
- Roh tu dramatises tout… On ne s’en est pas trop mal sorti au final.
- Ouais… C’est sur mais toi tu ne t’es pas pris un coup de fourche au c…
- Mais tu ne cours pas assez vite aussi !
- J’ai pas des grandes jambes comme toi.
- Nan mais t’as des ailes.

La discussion continua ainsi jusqu’à la place du marché qui était bien trop bruyante pour que les deux amis continuent à s’insulter et à se remémorer les bons moments de leurs premiers jours de voyage. De plus ce spectacle cacophonique était tellement impressionnant qu’il leur coupa littéralement le sifflet. Ils se mirent d’accord pour ne pas voler leurs provisions cette fois. Ils avaient besoin de beaucoup trop de vivres pour pouvoir les voler discrètement et la milice d’Astrub était assez bien organisée pour leur coller une rouste.
Il fallait commencer à mettre à profit leur statut de mercenaire. Ils allèrent donc voir les avis de recherche de la prison :

On recherche !
Frakacia.

Récompense.
Vive : 6.000 k
Morte : 500 k

Signes distinctifs : Gross Forte corpulence, habits noir stylisés façon gang des roublard, bandana noir, énormes haches de jet.

Accusée de : Vol à l’étalage, pillage de ferme, meurtre de tofus, de bouftous et de jeunes iop, exhibition écœurante et rire traumatisant.

Pour recevoir votre récompense, amenez l’accusée ou sa dépouilles aux geôles d’Astrub pour application de la sentence immédiate.

Ils s’élancèrent donc dans les contours d’Astrub où la recrue des roublard avait l’habitude de commettre ses méfaits. Après une heure et demi de recherche, la lassitude commença à se faire sentir.
- J’en ai marre ! Elle est où cette raclure ! cria Matthew.
- Calme toi… C’est pas en gueulant que tu vas l’attirer à nous. Hey attends j’ai vu quelque chose !
- Quoi ! Un morceau de cuir noir ?
- Non c’est un sanglier… Si on la trouve pas on peut toujours se mettre à la chasse…
- Euh… Perso je sais pas comment on s’y prend moi.
- Laisse moi faire je vais le chopper !
Meta se mit à courir après la boule de poils bruns lorsqu’il percuta soudain il percuta une masse noire qui courait vers la sortie de la forêt.
- Tu peux pas faire attention où tu cours espèce de freluquet !
- Nan mais elle s’est regardé un peu la grosse avec son costume de masochiste là ! C’est toi qui m’est rentré dedans !
- Meta ! s’exclama Matthew. C’est elle ! C’est Frakacia !
- Ouais c’est moi qu’on appelle Frakacia ! La terreur d’Astrub, le Cauchemar des fermiers, la douceur féminine à l’état brute.
- Et bah moi on m’appelle Meta. Moi les bandits je les entube, et c’est pas une baleine moulé dans du cuir qui va m’insulter, prépare toi à la prison espèce de p…
- Euh ouais ! On va p’tet s’arrêter à pour les présentation Meta. Suis nous sans résister Frakacia ! Ça vaut mieux pour toi.
- Parce que vous croyez que vous êtes les premiers à vouloir m’enfermer ?
- Héhé, nan je ne pense pas… mais on va être les premiers à y arriver, répliqua Meta en se mordant le pouce

Nous vous ferons grâce des détails du combat, mais la hache peut maniable de la roublarde ne parvint pas à toucher le jeune sacrieur une fois son châtiment complètement chargé, on remarqua que les bandana en lin était plutôt facilement inflammables et que de se rouler dans les feuilles n’aidait pas spécialement à éteindre des flammes. Après avoir réussit à éteindre le crâne de Frakacia et le début d’incendie qui s’annonçait dans la forêt, les deux mercenaires purent se rendre compte que la renégate n’avait pas survécu à la lutte contre les flammes.

- Et merde ! Va falloir se traîner son corps jusqu’à la prison maintenant, râla Meta.
- Ouais mais c’est pas ça le plus important. On aura pas assez de provisions avec seulement 500kamas nota judicieusement Matthew. Il nous en faudrait 700 minimum pour tenir jusqu’à Bonta.
- Bah… j’ai cru voir un autre avis de recherche… Pour un écureuil. La récompense était de 300 kamas.
- Ouais… ça devrait suffire, soupira Matthew.

une seule chose a dire: LA SUITE! LA SUITE!